Page 39 - Rapport annuel économique - Nouvelle Calédonie 2022
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calédoniennes constatent des difficultés majeures de recrutement et le territoire présente un manque de compétences.
Les enseignements du recensement de 2019 De profondes mutations de l’emploi
Les données du recensement 2019 (cf. https://www.isee.nc) montrent plusieurs évolutions caractéristiques du marché de l’emploi (privé, public, indépendant) par rapport aux précédents recensements, notamment :
- Une féminisation : l’écart entre les taux d’emploi des hommes et des femmes s’est réduit de 7 points en 2019, atteignant ainsi un niveau presque identique à celui constaté en métropole.
- Un vieillissement : la part des 55-64 ans sur le marché du travail atteint 12 % en 2019 contre 8 % en 2009. Le taux d’emploi des 55-59 ans atteint 61 % contre 49 % en 2009. Celui des 60-64 ans augmente aussi : 30 % en 2019 contre 22 % en 2009.
- Une tertiarisation : 3 emplois sur 4 sont dans les services, dont la moitié dans les services marchands (commerce, transport, hébergement, communication, finances) et l’autre moitié dans les services non marchands (administration, enseignement, santé). L’industrie emploie 12 % des actifs occupés, devant la construction (9 %) et l’agriculture (5 %).
- Une précarisation : la part des emplois précaires (CDD, intérim, apprentissage) est passée de 17 % à 21 % du total des emplois occupés, salariés ou non (11,5 % en France). Le travail partiel a également progressé (+4 500 en 5 ans).
- Une qualification croissante : 31 % des personnes occupant un emploi sont diplômées du supérieur contre 23 % en 2009. Le nombre de cadres a augmenté de 1 300 alors que le nombre d’employés ou d’ouvriers a diminué de 2 800 entre 2014 et 2019.
- Une disparité selon les communautés : le taux d’emploi en 2019 des Kanak atteint 48 %, 64 % pour les natifs non Kanak et 75 % pour les non-natifs. Malgré une multiplication par dix en 30 ans, un cadre sur dix est Kanak. En revanche, deux chômeurs sur trois sont Kanak. Les Kanak en activité sont également plus nombreux à avoir des emplois précaires (29 % contre 17 % pour les non-Kanak) ou des emplois à temps partiel (20 % des Kanak contre 10 % des non-Kanak).
- Une concentration des emplois en province Sud et une baisse en province Nord : 80 % des emplois sont concentrés en province Sud qui regroupe 75 % de la population. La province Nord en a perdu plus de 1 000 (après +4 000 pendant la période de construction des usines).
Enfin, parmi les 110 000 personnes ayant un emploi selon le recensement, 50 % sont employés ou ouvriers, 23 % sont des professions intermédiaires, 11 % sont des cadres, 10 % des artisans-commerçants et 3 % des agriculteurs ou des pêcheurs. L’importance du poids des ouvriers par rapport à d’autres pays est à relier à l’exploitation du nickel (alors que les autres pays ont eu tendance à se désindustrialiser). La proportion des « CSP+ » (cadres et professions intermédiaires), groupes sociaux les plus favorisés et aux niveaux de vie plutôt élevés, atteint 34 % en 2019 contre 32 % en 2009 ou 22 % en 1989.
Le développement de l’emploi indépendant
Les travailleurs indépendants sont constitués en grande majorité d’artisans ou de commerçants, mais aussi de chefs d’entreprise, de professions libérales, d’agriculteurs ou d’auto- entrepreneurs. Cet entrepreneuriat, qui prend forme à travers le régime du « patenté » est important sur le territoire : 18 % des personnes en emploi (selon les chiffres du recensement de
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